Adélaïde-Marie de Rogres de Lusignan
Adélaïde-Marie Rogres de Lusignan de Champignelles (1741-1817) est une figure historique de la noblesse française, dont l’histoire est à la fois tragique et fascinante, mêlant les réalités de son époque et des épisodes dignes d’un roman.
Origines et jeunesse
Adélaïde-Marie est née dans une famille noble le 7 octobre 1741, au château de Champignelles, situé en Bourgogne. Son père, le comte Rogres de Lusignan de Champignelles, était un militaire de haut rang et sa mère, née Lefebvre de Laubrière, venait aussi d’une lignée noble. Adélaïde-Marie a grandi dans un cadre aristocratique, mais son enfance fut marquée par des événements malheureux. Blessée gravement lorsqu’elle était enfant, elle restera boiteuse toute sa vie à cause d’une jambe mal soignée.
Éducation au couvent
Comme de nombreuses filles de la noblesse, Adélaïde fut envoyée dans un couvent, celui des Bénédictines à Montargis, dès l’âge de cinq ans. Elle y passa une grande partie de son enfance et de son adolescence, apprenant les manières et les arts, mais ne manifestant pas un grand intérêt pour l’éducation académique. Son éducation fut principalement axée sur les talents domestiques, comme la broderie et la musique, plus que sur des sujets intellectuels.
Mariage avec le marquis de Douhault
À l’âge de 23 ans, en 1764, elle épousa Louis-Joseph, marquis de Douhault, un homme de 45 ans, veuf et las de la vie militaire. Le mariage fut arrangé, comme c’était souvent le cas à l’époque, et Adélaïde ne rencontra son mari que le jour de la signature du contrat. Bien que ce mariage lui apportât une certaine sécurité financière avec une dot importante, sa vie conjugale fut difficile. Son mari souffrait de démence, et au cours d’une crise violente, il la blessa. Cet incident conduisit à son internement dans un asile, laissant Adélaïde seule et sans réelle protection.
Veuvage et quête d’héritage
Après l’internement de son mari, Adélaïde devint de facto veuve. Elle hérita d’une grande fortune après la mort de son mari en 1787, mais son frère, Armand-Louis, tenta de s’approprier une partie de son héritage en utilisant sa position de maréchal de camp. Adélaïde se retrouva confrontée à des problèmes financiers dus aux manigances de son frère, qui la privait des biens qui lui revenaient de droit.
Le mystère autour de sa mort
En 1788, un événement mystérieux se produisit : Adélaïde, alors en route pour régler ses affaires d’héritage, est morte subitement après avoir inhalé du tabac lors d’un séjour à Orléans. Cependant, peu après, une femme affirmant être Adélaïde-Marie Rogres de Lusignan de Champignelles réapparut à Paris, semant le doute sur sa véritable identité. Cette femme affirmait avoir été enlevée et emprisonnée sous un autre nom. Cette affaire causa un grand scandale, soulevant des questions sur la véracité de cette résurrection.
Les derniers jours et l’héritage
Finalement, après des années de lutte pour récupérer son héritage et prouver son identité, Adélaïde, bien qu’acclamée par certains de ses proches comme la véritable marquise, finit par être rejetée par son frère et la haute société. Ses derniers jours furent marqués par l’isolement et la pauvreté, une fin tragique pour une femme issue de la haute noblesse.
Son histoire est un mélange d’intrigues familiales, de mystères sur son identité et de luttes pour la survie dans une société en plein bouleversement, particulièrement à l’aube de la Révolution française. Adélaïde-Marie Rogres de Lusignan de Champignelles incarne les vicissitudes des femmes de la noblesse à une époque de changements radicaux en France.